Accouplement du navire avec le quai = Coït subaquatique avec retentissement en infra basses
Archives de l’auteur : Marjorie Le Berre
Expérience sensorielle
En marchant à une allure de 6km/h sur un navire de 170mètres avançant à une moyenne de 19 noeuds, vous avez une vitesse de pénétration dans l’air frôlant celle d’un poisson-volant prenant de la hauteur sur le monde aquatique.
Arrivé en bout de course, prenez soin de bien absorber le choc frontal. Le navire n’étant pas équipé d’airbag c’est votre corps qui sert de tampon entre le vent et l’émotion.
Les dernières statistiques montrent qu’aucun accident grave n’a eu lieu à bord du dit navire depuis 749j mais devenus addict certains auraient définitivement pris le large…
Instantané#15
0°/ Officiers intimidés / Bières décédées d’une soif encore inassouvie / Jambes ouvertes bien décidées à être reluquées.
180°/ Dance floor vidé de toute présence féminine bonnet A-B taille 36-38 / Fessiés dénudés, strings un peu trop ajustés, poitrines lâchées aux mains baladeuses / DJ dénué de verve ressassant « Next is Sexy Girl ».
90°/ Officier occupé à savourer les quelques cm2 rebondis payés en liquide / Tabourets vides attendant un futur arrivage a-femmé.
Carolina ‘Adult Entertainment’ ou comment vérifier la légende du Seaman.
Instantané#14
0°/ Approche délicate sous un ciel marbré / Avancée sur pilotis délimitant l’entrée du port / Dockers à la peau tannée.
180°/ Trainée rectiligne se courbant pour la première fois / Abordage de St Martin par la face arrière.
90°/ Containers « Tropical » / Pélican en plein envol / Eau turquoise brassée en aigue-marine.
Après une traversé en pleine mer, l’escale à St Martin fait l’effet d’un 1er pas sur la Lune.
Instantané#13
0°/ Boule à facettes / Ligne de lumière noire mettant en valeur les containers vêtus de blanc / Confettis phosphorescents restés collés au plafond
180°/ Musique Post-Electro / Post-Concrète / Post-Gatlif / Neo New Wave
90°/ Eclairage stromboscopique / Bande son aux accents toniques visuels / Thunderstorm Sky fever
Le pont redevient dance floor silencieux, le jour se lève, la fête est finie. Nuit invraisemblable… Il reste des acouphènes visuels.
Instantané#12
0°/ Spray vanillé derrière dômes de sucre glacé / Pièce montée d’une ronde dragée argentée / Coulées de caramel chaud.
90°/ Blancs battus en neige / Tranche de Vienetta saveur menthe givré à lécher du regard.
180°/ Mousse lactée / Pure régal assorti de dômes de Chantilly caramélisée / Ciel tout droit sorti d’une publicité Ferrero.
L’envie de mordre à pleines dents la vie rend le ciel comestible avec un arrière goût acide d’une indigestion romantico-romantique!
Tentative d’échantillonnage de l’océan
Instantané#11
0°/ Clochers de casseroles inox / Observatoires de verre à eau / Tour ivoire de mugs / Piles crénelées d’assiettes / Le Messman décompte les jours sur un calendrier trônant au dessus de cette forteresse.
180°/ Le Third Officer ramasse les copies / Distribution prochaine de bons points / Collectionner les barres chocolatées, vodka et cartouches de cigarettes pour un divertissement assuré.
90°/Mijoter, suer, blanchir, mander / Pour contenter nos palais, le Chief Cook n’a droit à aucune cerise sur le gâteau / Montant l’appétissant mille-feuilles en prenant garde de ne pas utiliser de Sunday.
Tous ces Seaman, passionnés, sont également prisonniers. La Mer serait-elle leur sirène?
Exercice grammatical pour réveil dynamique
A bien y regarder il y a une différence notoire entre le lever et le coucher de soleil. Bien sûr on leur a attribué le genre masculin mais après examen approfondi de 7 levers et 7 couchers, je peux vous certifier que le lever est masculin et le coucher féminin. Je m’explique.
Le lever est soudain. Il nous fait émerger du sommeil pour passer de la position horizontale à la position verticale en quelques secondes. Ainsi dressé, nous le voyons monter au delà de l’horizon dans quelques nimbes rosés pour finalement éjaculer sa lumière franche et saillante à notre regard. Point final. La journée est entamée.
Quant au coucher, il s’apparente à l’orgasme féminin. Préludes plus ou moins longs selon une éventuelle présence brumeuse, diffusion progressive de ses nuances jusqu’à un zénith coloré d’un fragment de seconde, instant d’excitation franche, puis disparition lente et progressive de ses teintes encore prégnantes jusqu’à ce que la nuit advienne.
Ainsi le soleil serait androgyne.
Instantané#10
0°/ Pastille de Vitamine C sur mer couleur Tang / Concentré de Teisseire à diluer dans des milliers de litres d’eau salée / Effervescence des sens garantie.
180°/ « SWLT 25T » bien arrimée / Pesant spectateur d’une si intense dissolution / Accrochage nécessaire en cas de débordement d’émotions.
90° / Brochette de Chamalos parfum tropical / Fondante barbe à papa trempée dans un pétillant nappage citron.
Savoureux « Sunset », cocktail à déguster frappé.